Les 3 défis du chef produit en 2020 (1)

Les 3 défis du chef produit en 2020 (1)

L’année 2020 et les suivantes offriront aux chefs produit des défis de taille.

Durant le mois de Janvier, une série d’articles nous permettra d’aborder trois challenges majeurs d’actualité pour les chefs produits :

    • la gestion de la dette technique,
    • l’accès au marché,
    • la conception de produits durables.

Premier défi : la dette technique

Quelle définition de la « dette technique » ?

La notion de « dette technique » couvre l’ensemble des actions à entreprendre pour concevoir un système durable et, faute de l’avoir fait parfaitement, pour mettre à niveau un système vieillissant. L’objectif est d’assurer son maintien en condition opérationnelle.

Pourquoi parler de dette ? La définition originale, de Ward Cunningham, en 1992, précise : « Le concept de « dette technique » s’inspire du concept existant de dette dans le contexte du financement des entreprises. Ainsi, un non-respect de la conception, intentionnel ou non, induit des coûts supplémentaires dans le futur. Ce sont les intérêts. Cela sous-entend qu’il vaut mieux rembourser la dette un jour plutôt que de continuer à payer sans cesse des intérêts. »

La définition de Ward Cunningham concerne essentiellement le logiciel. Nous considérons cependant que la notion de « dette technique » s’applique à tout type de système : matériel, logiciel ou combinaison des deux.

La « dette technique » apparaît dès qu’un composant menace le maintien ou l’évolution du système, par exemple :

  • L’obsolescence d’un composant (composant électronique dont l’arrêt de commercialisation est programmé, logiciel dont l’arrêt de la maintenance est programmée etc.).
  • La perte de la maîtrise de conception d’un module (code pour lequel la compétence à été perdue : départ de l’équipe de développement au fil du temps etc.).
  • Toute situation dont l’apparition provoque un risque parce qu’elle n’avait pas été intégrée en amont, lors de la conception (Le passage en l’an 2000 en fut un exemple particulièrement illustratif… D’autres tels qu’un logiciel qui n’a pas été pensé multilingue d’emblée, l’absence d’une couche d’abstraction qui oblige à développer une interface pour chaque application tierce, l’apparition d’une norme, le recyclage mal pensé etc. sont très courantes).

La « dette technique » s’évalue en termes de montant total à investir aux différents stades de vie du produit (conception, développement, vie et fin de vie du produit) et de durée de remise à niveau.

Plus la dette technique est pensée en amont, moins elle est coûteuse !

 

Un exemple criant : la maintenance du logiciel

La dette technique frappe aujourd’hui de très nombreux acteurs du logiciel, on pourrait même dire la majorité des acteurs du logiciel.

Les causes, comme nous l’avons vu, sont multiples :

  • Défauts de conception : déficit d’analyse, faiblesse de la documentation tant au niveau des spécifications que du code etc.
  • Perte de la maîtrise du code due à une externalisation des développements stratégiques ou à la perte des compétences liée au départ d’experts clés
  • Non qualité : externalisation des développements en off-shore sans mettre les moyens de gestion nécessaires (coût important en encadrement, dépenses de voyages etc.), réduction des tests pour conserver à tout prix une date de lancement annoncée
  • Mauvaise anticipation de la fin de vie : l’obsolescence d’une technologie de base mal anticipée met en danger la maintenance même du logiciel, la migration des clients sur les versions à jour n’est pas gérée.

Ces points relèvent de la responsabilité du Chef de Produit. Il doit assurer que les choix effectués à chaque étape du cycle de vie de son produit : conception initiale, évolution, fin de vie garantissent la rentabilité du produit. Par rentabilité, on entend ici s’assurer que les dépenses de maintenance, de migration des clients ou de perte de ces clients dans les cas les plus criants, ne sont pas supérieures au chiffre d’affaire généré.

Les conséquences sont délétères :

  • Engorgement de la R&D qui croule sous la maintenance, au détriment de l’innovation
  • Insatisfaction des clients qui rencontrent de plus en plus de problèmes : bugs, mais surtout incapacité à répondre aux demandes d’évolution, qu’elles soient de nature fonctionnelle ou liées à l’apparition de nouvelles normes / lois.
  • Coûts de migration pour des clients dotés d’une version ancestrale ayant souvent subi des modifications/ajouts ad hoc qu’il faudra re-développer pour leur seul besoin… Sur ce point précis, il n’est pas rare de voir des parcs de clients perdus à hauteur de 50% lorsque la décision est [enfin] prise d’imposer une migration vers une nouvelle plateforme !

La solution : soyons réalistes et… courageux 😊

La vraie solution se situe essentiellement en amont, lors de la conception, où il faut avoir la sagesse d’allouer les ressources et les budgets susceptibles de garantir la qualité de la conception et du développement, en particulier en matière de maintenabilité.

Une autre partie de la solution se situe dans la partie tests qui ne doit, à aucun prix, être réduite à la partie congrue ! Le prix à payer est non seulement important, mais quasi immédiat ! Dès les premières ventes, les ennuis commencent : insatisfaction clients, retards de livraison etc.

Enfin, l’anticipation de la fin de vie, quasi inexistante en 2019 (j’aimerais me tromper en 2020 😉), bien qu’elle intervienne une fois que la dette technique est installée… s’avère un levier clé pour l’entreprise. Une fin de vie gérée au mieux : connaissance du parc client, plan de migration préparé, annonce propre faite aux clients, par ordre de priorité préalablement réfléchi, peuvent transformer le processus de… Bérézina en trek de niveau moyen…

Tout chef produit ayant vécu une fois cette expérience est parfaitement capable d’alerter sa direction. A elle de comprendre où se situe le bon compromis entre court terme du trimestre… et viabilité de l’entreprise à moyen terme.

La bonne conduite de ces trois phases critiques de la vie du logiciel relève de la responsabilité du chef produit, qu’il ait été, ou non, partie prenante de la conception. Dès lors qu’il reprend une ligne de produit, il devient comptable de ces aspects.

Ce ne sont certes pas les plus amusants de la fonction, mais leur maîtrise apporte une valeur ajoutée importante pour l’entreprise. Chef Produit, saisissez donc ces sujets à bras-le-corps !

L’accès au marché, un défi de taille

Parmi les challenges du chef produit figure celui d’assurer l’accès au marché de son produit.

Dans notre prochain article, nous aborderons les obstacles de l’accès au marché. Nous identifierons des pistes pour sortir plus rapidement du tâtonnement commercial et valider des segments de marché porteurs.

Pour avoir un avant-goût du sujet, consultez notre post sur l’utilisation des cas d’usage et la segmentation.

La conception d’un produit durable pour se différentier

Alors que la majorité d’entre nous ont acté, d’une part que le réchauffement climatique n’était pas un coup des chinois, et, d’autre part, que notre planète n’était ni plate ni infinie, il va falloir réfléchir rapidement à développer des produits durables. Cette mission relève aussi du Chef Produit.

Ce sera l’objet du troisième article de cette saga que nous vous proposons sur le mois de Janvier.  Nous identifierons les sujets à considérer pour assurer un produit durable, clé de conquête de nouveaux marchés de ce XXIème siècle.

Consulter nos précédentes parutions sur le Product Management Durable ainsi qu’un exemple concret, dans le secteur de l’équipement de la personne.

 

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